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La dominance existe t'elle chez le chien ?

Dernière mise à jour : 4 mars 2022

Sujet tellement vaste . Aujourd'hui en surfant sur Facebook j'ai encore et encore lu , je suis le chef de meute , il doit comprendre que je suis l'Alpha , il doit manger après moi , je dois pouvoir lui prendre sa gamelle , attention il vous domine etc


STOP STOP STOP.

éducateur comportementaliste canin en seine et marne ,77, entre Fontainebleau et Melun je vais vous expliquer ce qu'est la dominance et pourquoi elle n'existe pas stricto sen-sus


Un peu de vocabulaire :

Définition du mot DOMINANT


Fait de dominer, d'exercer un pouvoir souverain ou prépondérant.Synon. usuel prédominance.La dominance ou le « leadership » adultéré d'un état qui mobilise les hommes et les ressources par des moyens de contrainte, en vue d'exercer la contrainte (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 241).


PIERRE HUBER à démontré une vrai hiérarchie chez le bourdon en 1802

T. SCHJELDERUPP-EBBES l'a démontrée chez les poulets en 1922


Ce sont les seuls études concluantes à ce jour .


La théorie de la dominance entre chiens est née des écrits de KONDRAD LORENZ — biologiste autrichien .

En observant une meute de loups vivant en captivité, Lorenz analyse leurs rapports lors du partage des ressources. La nourriture, l’espace de vie, l’eau, les femelles reproductrices…

Il observe que c’est souvent le même loup — qu’il appelle le mâle alpha, qui est prioritaire. C’est lui qui se garde le meilleur morceau de viande. La place la plus confortable. Qui assure sa progéniture.

Lorenz en déduit qu’il existe une hiérarchie établie chez les loups. Dans une même race, il y a les dominants, qui méritent, par leur statut, les meilleurs morceaux… Et les dominés, plus faibles, qui ralentissent la meute.


En 1973, Lorenz reçoit le prix Nobel pour ses études sur la psychologie animale. Bien que ce prix soit extrêmement controversé par toute la communauté scientifique de l’époque, c’est ainsi que l’idée d’une hiérarchie chez les canidés fit le tour du monde.

Aujourd’hui, cette théorie de Lorenz est complètement invalidée. Pourtant, la croyance en la « dominance » chez le chien persiste.


Loups sauvages et loups en captivité : des rapports complètement opposés

C’est en 1999 que notre compréhension du loup prend un réel tournant. LUCYAN DAVID MECH, zoologiste américain, observe cette fois-ci des loups à l’état sauvage. Pas en captivité comme avait pu le faire LORENZ.


Il en tire les conclusions suivantes:

Dans un zoo, les loups sont forcés à vivre ensemble. Ils n’ont souvent aucun lien de parenté ni d’affinités particulières. L’espace est restreint, les ressources sont limitées. Résultat : les rapports entre les loups en captivité sont souvent conflictuels.

À l’état naturel, MECH observe que l’organisation d’une meute est bien plus paisible. D’abord, parce qu’une meute est tout d’abord une famille. Un couple de parents, et les louveteaux. Les plus jeunes obéissent naturellement aux parents. Auparavant interprétée comme de la soumission, cette attitude n’est qu’une expression du lien de parenté.

À l’adolescence, les jeunes loups deviennent plus indépendants. Dès les premiers désaccords avec le couple de parents, ils quittent la meute — pour vivre seuls, puis fonder une famille eux-mêmes.


Découvrez son interview en vidéo ci-dessous :



Le chien n'est pas un loup :


Origine du chien


Le loup actuel et le chien descendent du loup ancestral disparu depuis.


Théorie de COPPINGER (2001)

Des populations de Canis lupus auraient colonisé progressivement la niche écologique d’homo sapiens sédentarisés par:

• Diminution des 2 types de distances de fuite

• Mise en place d’une relation de commensalisme

• Les loups seraient passés de « prédateurs compétiteurs » à « charognards profiteurs » et auraient acquis un avantage sélectif conduisant à une spéciation.


De plus :

  • Selon les dernières études (il existe des désaccords sur l'ancienneté, pouvant aller jusqu'à 30 000 ans), le chien aurait été domestiqué par l'homme il y a au moins 10 000 ans

  • il a appris à vivre auprès des hommes, à les observer et à interpréter ses modes de communication (expressions faciales, réponse au pointé de doigt, notamment)

  • il ne présente pas les mêmes comportements que le loup dans la résolution d'un problème : le chien recherchera l'aide de l'humain, alors que le loup sera aidé de ses congénères

  • il digère l'amidon (contrairement au loup)

  • le chien est un animal social (notion de vie dans un groupe social) comme le loup, mais, contrairement à celui-ci, il ne vit pas en "meute" (la meute de loups est un groupe familial composé des parents et des jeunes descendants). Cela signifie qu'à son arrivée au sein du foyer familial, le chien intègre notre groupe social, mais nous ne constituons en aucun cas une meute avec lui (tout simplement parce que nous ne sommes pas de la même espèce).



Les observations de propriétaires de plusieurs chiens se recoupent avec les conclusions des biologistes ayant observés des groupes de chiens errants :


La priorité de nos chiens est de préserver la paix au sein du groupe. La nourriture, l’espace personnel, l’attention de leur humain sont certes des ressources importantes. Or, les chiens sont rarement prêts à se battre pour les départager. L’agression ne fait pas partie de leurs interactions.


Nos chiens respectent les besoins de leurs congénères. Par exemple, MOWGLI est un ventre sur pattes . Il regarde souvent la gamelle de GOYAVE avec envie. S’il tente de lui voler une croquette, elle montre les dents. Dans le souci de maintenir la paix au sein du groupe, il fait donc une croix dessus.

Par contre , elle, sait que MOWGLI se couche en permanence dans le coin droit du canapé. Si elle s’approche, il grogne. Même si elle aussi, a envie d'y aller, elle attend qu'il quitte la place.

Ces deux chiens ne sont pas une fois dominants, une fois soumis. Ils échangent seulement des informations sur leurs limites respectives , tout est question de contexte

Chez les chiens libre la seule et unique prérogative observée est l'accès à la reproduction .

Quand il y a assez de nourriture pour tout le monde… tous les chiens mangent en même temps. Certes, il y a des tensions. Ces dernières sont dues au non-respect de l’espace personnel.

Les différentes études sur des groupes de chiens sont formelles : n’importe quelle place peut être prise par n’importe qui. Le chien étant un animal hédoniste, il prendra systématiquement la place qui est plus confortable. Et cela dépend des préférences de chacun.


Les éducateurs canins traditionnels décrivent le chien dominant comme celui qui :

  • mange toujours en premier

  • se garde la meilleure place, le fauteuil ou le panier le plus confortable

  • a la priorité sur tout.


Or en observant les chiens en groupe nous voyons que tout est ajustement permanent , de la communication et surtout contextuel .

Gavez Goyave et restreignez MOWGLI , l'enjeu de la gamelle sera bien plus important et il ne se laissera pas intimider . Faites le contraire il ne pourra pas approcher d'un poil .


La hiérarchie entre chiens étant complétement démontée par les dernières études comment pourrait elle exister entre humain et chien ?


le Dr vétérinaire comportementaliste Stephan Gronostay. Diplômé en médecine vétérinaire de l’université Justus-Liebig Giessen (Allemagne), a aussi obtenu le Certificat d’Etudes Vétérinaires Approfondies « Médecine du Comportement des Animaux Domestiques » à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort en 2015.

Il exerce en tant que vétérinaire comportementaliste à domicile dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, et fait aujourd’hui partie des meilleurs experts européens sur le comportement canin. Dans cet interview, il explique scientifiquement pourquoi la hiérarchie entre homme et chien est une lubie.



extrait :

«Biologiquement, il n’existe pas de hiérarchie entre différentes espèces – donc pas de hiérarchie entre l’homme et le chien.(…) Certes, en tant que maître, je guide mon chien. C’est moi qui ai les clefs, puisque c’est moi qui donne les croquettes, par exemple. Le chien dépend déjà entièrement de moi. En principe, sans son maître il est perdu et ne peut rien faire. Donc j’ai déjà un rôle clef dans la vie du chien, sans avoir à instaurer de hiérarchie.Tout ce qui suit consiste à apprendre au chien que coopérer avec son maître lui apporte quelque chose de positif. Il s’agit de l’encadrer de manière bienveillante pour qu’il ne reproduise plus les comportements qu’on ne souhaite pas


Ce mythe de la "dominance" a causé et cause encore beaucoup de dommages aux chiens :

  • alpha roll (mettre le chien sur le dos et le maintenir dans cette position),

  • coups de saccade avec la laisse causant un étranglement, de la douleur et un écrasement de la trachée,

  • utilisation de la contrainte (par exemple, faire s'asseoir le chien en lui appuyant sur le sacrum),

  • utilisation de l'intimidation (crier, s'imposer physiquement),

  • utilisation de la force (violence physique, soulever le chien et le maintenir en l'air, coups de pieds ou de genoux, etc.),

  • utilisation d'outils coercitifs tels que le collier étrangleur, à pointes, électrique, à la citronnelle, le martinet, jeter une canette remplie de clous pour faire peur le journal roulé, etc.

Les conséquences sur le chien sont souvent désastreuses : humiliation, perte de confiance, crainte, inhibition, état de détresse acquise, frustration, comportement d'agression, etc.


exemple ci dessous :


Alors par pitié arrêtons avec ces idées d'un autre temps , le seul être vivant qui à toujours chercher à dominer l'autre c'est l'homme . Ne prêtons pas aux chiens nos propres intentions.


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